"Carol Langloy" <carolarobaselangloy.com> a eu inscrit dans le volumen
Post by Carol LangloyA mon avis, pour les oies, il existe une nuance supplémentaire : les
oies étaient gardées par les femmes. Si je dis "nous n'avons pas gardé
les oies ensemble", cela implique une injure encore plus grave, et
ramène l'interlocuteur à une classe sociale encore plus basse : les
femmes.
La petite gardeuse d'oies fait partie de l'imagerie populaire, on peut
trouver beaucoup de dessins d'Hansi qui la représentent par exemple et
elle se montre alors fort mignonne avec sa coiffe alsacienne, mais en
même temps Hansi utilisait très ironiquement les rangs d'oies ramenées à
la ferme pour les placer juste après des soldats prussiens marchant...
au pas de l'oie. Cela allait dans le sens de sa dénonciation de
l'occupation allemande et du caporalisme bismarckien (Hansi est riche,
il faut le lire dans les détails comme un Franquin ou un Gotlib).
Une autre connotation peut se trouver dans les caricatures anarchistes,
je songe à Jossot en particulier qui a fait en noir et blanc, avec de
forts contrastes, une sorte de procession d'oies plus ou moins derrière
un curé lisant son bréviaire. Le même type de dessin a été réemployé par
Cabu dans sa petite Catherine, mais avec une superposition des oies
blanches de pensionnat en promenade à Châlons sous la coupe d'une mère
supérieure tout en sourcils et puis des oies volatiles derrière une
grosse paysanne en sabots.
L'oie est associée à la sottise, à ce qui est bas. Ce n'est pas un
hasard si l'on parle de pas de l'oie (pas de l'armée allemande), de
couleur caca d'oie (la couleur de l'armée allemande). Mais cela vient
bien sûr s'ajouter aux sens misogynes plus anciens.