Discussion:
Sur un ton, sur le ton ou d'un ton ?
(trop ancien pour répondre)
Philippe Stimamiglio
2005-12-14 11:44:30 UTC
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Bonjour,
je me pose une petite question et vous pouvez peut-être m'aider :
faut-il, lorsqu'on décrit la façon de s'exprimer de quelqu'un dans un
texte, écrire "d'un ton" ou "sur un ton" ou "sur le ton" ? Je
m'interroge parce que le Larousse semble considérer que si l'on
utilise "sur + ton" ça correspond, en gros, au niveau d'intensité
sonore (exemple "sur un ton monocorde") alors que "d'un ton" va plutôt
avec l'expression d'un sentiment (exemple : "d'un ton sec" ou "d'un
ton triste"), pourtant moi je ne suis pas sûr qu'il s'agisse d'une
règle et j'ai écrit parfois des phrases genre "Sur un ton
paternaliste, il s'écria" ou encore par exemple "Sur un ton exalté"
voire même "sur LE ton mélancolique d'un malade" (et là en plus je
parle de quelqu'un qui s'exprime et non pas du "ton" d'une oeuvre
voulu par un artiste, de son style, ce qui fait que je me trompe
peut-être, qu'on ne doit pas utiliser cela comme ça ?)...
J'espère que vous pourrez m'aider ! Je souhaite écrire le mieux
possible la langue française !
Merci d'avance,
Phil
Ork
2005-12-14 12:47:54 UTC
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Post by Philippe Stimamiglio
faut-il, lorsqu'on décrit la façon de s'exprimer de quelqu'un dans un
texte, écrire "d'un ton" ou "sur un ton" ou "sur le ton" ?
Voilà ce qu'en dit le TLFi :
<cit>
Inflexions volontaires ou involontaires que prend la voix d'un
locuteur et qui dévoilent sa personnalité, son état psychologique ou
affectif, ses intentions. Synon. /accent, intonation/.

« Tenez, juste là où vous êtes. Ça pue encore.
-- Nan, ça ne pue pas, dit M. de Coëtquidan, d'un ton sans réplique »
(MONTHERL., /Célibataires/, 1934, p. 739).

« Le Père Paneloux s'arrêta, les cheveux sur le front (...) et reprit,
plus sourdement, mais sur un ton accusateur : « Oui, l'heure est venue
de réfléchir (...) » (CAMUS, /Peste/, 1947, p. 1296).
</cit>

À titre personnel, je préfère « d'un ton ».
Laissons ce pauvre « sur » souffler un peu.
dphn
2005-12-14 13:47:07 UTC
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[...] Je
m'interroge parce que le Larousse semble considérer que si l'on
utilise "sur + ton" ça correspond, en gros, au niveau d'intensité
sonore (exemple "sur un ton monocorde") alors que "d'un ton" va
plutôt avec l'expression d'un sentiment (exemple : "d'un ton sec" ou
"d'un ton triste"), pourtant moi je ne suis pas sûr qu'il s'agisse
d'une règle
La requête ci-dessous relève 23 emplois de "sur un ton" dans la
bibliothèque de l'ABU. Consultez-la, et vous constaterez qu'elle ne
présente pas beaucoup d'éléments pour corroborer ce que semble
considérer le Larousse.
<http://abu.cnam.fr/cgi-bin/dokwic3?TYPE=phrase&CLE=sur+un+ton&CARDINALITE=100>
--
dphn
R. et C. BELMAS
2005-12-14 14:19:44 UTC
Permalink
Post by dphn
La requête ci-dessous relève 23 emplois de "sur un ton" dans la
bibliothèque de l'ABU. Consultez-la, et vous constaterez qu'elle ne
présente pas beaucoup d'éléments pour corroborer ce que semble
considérer le Larousse.
<http://abu.cnam.fr/cgi-bin/dokwic3?TYPE=phrase&CLE=sur+un+ton&CARDINALITE=100>
Je dirais au vu de ce corpus que "sur un ton" s'emploie plutôt dans le
contexte d'une expression de l'affectivité, alors que "d'un ton" indique de
préférence l'intonation, le timbre de voix, l'intention vis-à-vis du
récepteur du message.

Mais ce n'est pas encore ça. Voyons, voyons... Si dans les exemples donnée
on tente de remplacer "sur un ton" par
"d'un ton", ça ne marche pas toujours. Pourquoi ? La réponse pourrait être
plus syntaxique. Il me semble qu'on emploie indifféremment "sur un ton" et
"d'un ton" après des verbes dits "de parole" (dire, demander, répliquer,
etc.). Lorsque ces verbes n'apparaissent pas dans le contexte, on emploie
"sur un ton" seul.

Mes observations à trois centimes d'euros, car en vérité c'est la première
fois que je me pose la question.

Claire.

PS : Râââzut, j'allais presque oublier le traditionnel cadeau-souriard pour
dphn. Le voici : <:-°)
R. et C. BELMAS
2005-12-14 14:48:50 UTC
Permalink
Si dans les exemples donnés...
Une autre frimousse pour me faire pardonner : (^L^)

Claire.
dphn
2005-12-14 16:35:43 UTC
Permalink
Post by R. et C. BELMAS
Post by dphn
La requête ci-dessous relève 23 emplois de "sur un ton" dans la
bibliothèque de l'ABU. Consultez-la, et vous constaterez qu'elle ne
présente pas beaucoup d'éléments pour corroborer ce que semble
considérer le Larousse.
<http://abu.cnam.fr/cgi-bin/dokwic3?TYPE=phrase&CLE=sur+un+ton&CARDINALITE=100>
Je dirais au vu de ce corpus que "sur un ton" s'emploie plutôt dans
le contexte d'une expression de l'affectivité, alors que "d'un ton"
indique de préférence l'intonation, le timbre de voix, l'intention
vis-à-vis du récepteur du message.
J'avoue que j'aimerais bien partager votre hypothèse parce qu'elle a le
mérite d'ordonner les choses, mais à la réflexion, elle me paraît un
peu trop belle, trop cartésienne. Et puis je n'ai pas trouvé
suffisamment d'exemples employant "d'un ton" pour comparer les deux
emplois, ou pour essayer d'en déduire un usage.
Post by R. et C. BELMAS
Mais ce n'est pas encore ça. Voyons, voyons... Si dans les exemples
donnés on tente de remplacer "sur un ton" par "d'un ton", ça ne
marche pas toujours.
Voulez-vous dire qu'on ne peut vraiment pas remplacer l'un par
l'autre ? Ou que le résultat est moins heureux (pour des raisons qui
restent à définir) ?
Post by R. et C. BELMAS
Pourquoi ? La réponse pourrait
être plus syntaxique. Il me semble qu'on emploie indifféremment "sur
un ton" et "d'un ton" après des verbes dits "de parole" (dire,
demander, répliquer, etc.).
Je suis assez de votre avis, sauf sur le point que l'explication soit
d'ordre syntaxique. Si /sur/ et /de/ expriment tous deux la manière, il
faut bien admettre que /sur/ la dénote plus fermement que le simple
/de/, relativement discret. Cela peut être parfois une bonne raison
d'employer l'un plutôt que l'autre.

« Dit-il, d'un ton magistral » peut parfaitement être remplacé par
« Dit-il, sur un ton magistral ». Laquelle de ces deux formulations est
préférable ? On pourrait en discuter pendant des heures. Pour ma part,
j'aurais tendance à penser que c'est celle qui illustre le mieux
l'intention de l'auteur. Si celle-ci était d'attirer l'attention sur la
façon dont les paroles ont été dites, la deuxième formule me paraît la
bonne. Et pour moi, l'écart entre les deux phrases n'est pas
syntaxique, mais stylistique.
Post by R. et C. BELMAS
[...]
Mes observations à trois centimes d'euros, car en vérité c'est la
première fois que je me pose la question.
Claire.
PS : Râââzut, j'allais presque oublier le traditionnel
cadeau-souriard pour dphn. Le voici : <:-°)
Raté. Il n'allume même pas de dessin sur mon écran...
--
dphn
R. et C. BELMAS
2005-12-14 17:05:29 UTC
Permalink
Post by dphn
Post by R. et C. BELMAS
Mais ce n'est pas encore ça. Voyons, voyons... Si dans les exemples
donnés on tente de remplacer "sur un ton" par "d'un ton", ça ne
marche pas toujours.
Voulez-vous dire qu'on ne peut vraiment pas remplacer l'un par
l'autre ? Ou que le résultat est moins heureux (pour des raisons qui
restent à définir) ?
Eh bien, essayons avec l'extrait de Huysmans :

"Pareil à un glas de mort, ce chant désespéré le hantait, maintenant qu'il
était couché, anéanti par la fièvre et agité par une anxiété d'autant plus
inapaisable qu'il n'en discernait plus la cause. Il finissait par
s'abandonner à la dérive, culbuté par le torrent d'angoisses que versait
cette musique tout d'un coup endiguée, pour une minute, par le chant des
psaumes qui s'élevait, sur un ton lent et bas, dans sa tête dont les tempes
meurtries lui semblaient frappées par des battants de cloches."

--> ...qui s'élevait, d'un ton lent et bas, dans sa tête... ? Non,
vraiment, ça ne va pas. Le verbe "s'élever" n'étant pas un verbe de parole,
l'usage me paraît répugner à la substitution.
Post by dphn
Post by R. et C. BELMAS
Pourquoi ? La réponse pourrait
être plus syntaxique. Il me semble qu'on emploie indifféremment "sur
un ton" et "d'un ton" après des verbes dits "de parole" (dire,
demander, répliquer, etc.).
Je suis assez de votre avis, sauf sur le point que l'explication soit
d'ordre syntaxique.
Je me suis peut-être mal fait comprendre. Je voulais dire que l'usage
attache souvent certains choix syntaxiques à des mots de sens précis : "sur
un ton" ou "d'un ton" après les verbes exprimant un acte de parole ; "sur un
ton" dans les autres cas.
Post by dphn
Si /sur/ et /de/ expriment tous deux la manière, il
faut bien admettre que /sur/ la dénote plus fermement que le simple
/de/, relativement discret. Cela peut être parfois une bonne raison
d'employer l'un plutôt que l'autre.
Voui.
Post by dphn
« Dit-il, d'un ton magistral » peut parfaitement être remplacé par
« Dit-il, sur un ton magistral ». Laquelle de ces deux formulations est
préférable ? On pourrait en discuter pendant des heures. Pour ma part,
j'aurais tendance à penser que c'est celle qui illustre le mieux
l'intention de l'auteur. Si celle-ci était d'attirer l'attention sur la
façon dont les paroles ont été dites, la deuxième formule me paraît la
bonne. Et pour moi, l'écart entre les deux phrases n'est pas
syntaxique, mais stylistique.
Tout à fait d'accord.
Post by dphn
Post by R. et C. BELMAS
PS : Râââzut, j'allais presque oublier le traditionnel
cadeau-souriard pour dphn. Le voici : <:-°)
Raté. Il n'allume même pas de dessin sur mon écran...
Votre écran n'a aucune imagination ;-).

Claire.
kduc
2005-12-14 14:05:00 UTC
Permalink
Post by Philippe Stimamiglio
Bonjour,
faut-il, lorsqu'on décrit la façon de s'exprimer de quelqu'un dans un
texte, écrire "d'un ton" ou "sur un ton" ou "sur le ton" ? Je
m'interroge parce que le Larousse semble considérer que si l'on utilise
"sur + ton" ça correspond, en gros, au niveau d'intensité sonore
(exemple "sur un ton monocorde") alors que "d'un ton" va plutôt avec
l'expression d'un sentiment (exemple : "d'un ton sec" ou "d'un ton
triste")
Dire « sur un » ou « d'un » ton est un peu au choix, je n'y vois pas de
différence d'emploi notable. Vous pouvez aussi utiliser :

Des verbes expressifs :

- « Venez ici ! », intima-t-il.
(Le ton est sans réplique.)
- « Prends-moi », feula-t-elle.
(La voix se meurt dans une raucité impatiente.)
- « Ah ! », éructa le boxeur.
(Violemment chassé de ses poumons l'air lui souffle l'interjection
qu'il émet.)
- « Bon », admis-je (ou concédai-je).
(Le [b] ne s'est formé qu'après mûre réflexion et le [on] suit comme à
regret.)
- « Et votre pouls ? », s'inquiéta l'infirmière.
(Le prononcé presque saccadé monte dans l'aigu, jusqu'à l'insupportable.)
- « Grand fou ! », sussura-t-elle.
(Les lèvres sont arrondies, tendues, humides, goulues...)

Des propositions :

- « Vous m'aimerez ! », réduisis-je à néant ses derniers doutes.
(Le ton est vif, coupant, on sent la femme péremptoire.)
- « ? », interrogeai-je muettement, le sourcil droit levé.
(Hésitant pour le moins.)
- « Non ! », articulai-je soigneusement les syllabes.
(La voix est posée, elle cherche à convaincre.)
- « Otez ça ! », transgressa-t-il les usages.
(Débit haché, il brûle ses vaisseaux.)
- « Père ? », courut-il à son chevet.
(C'est un dernier effort, le [é] sonne comme un [è].)

Etc.

--
kd
kduc
2005-12-14 14:32:15 UTC
Permalink
kduc a écrit :

J'oubliai, n'hésitez pas à utiliser les adverbes :

- « Brrrr ! », parcourus-je lascivement la gamme des sentiments
qu'elle m'inspirait.
(Le ton, torride, tient du roucoulement.)
--
kd
Didier Pelleton
2005-12-14 16:14:13 UTC
Permalink
Post by kduc
- « Grand fou ! », sussura-t-elle.
 
    « Susurra-t-elle », susurré-je. 
Anne
2005-12-14 16:16:55 UTC
Permalink
Post by kduc
- « Grand fou ! », sussura-t-elle.
« Susurra-t-elle », susurré-je.
Chouete ! Un colègue !
--
Anne
Didier Pelleton
2005-12-14 16:26:06 UTC
Permalink
Post by Anne
Post by kduc
- « Grand fou ! », sussura-t-elle.
« Susurra-t-elle », susurré-je.
Chouete ! Un colègue !
    Non, non, la faute de kduc est fort courante ; vos doublements de
consonnes sont plus singuliers.
kduc
2005-12-14 17:30:32 UTC
Permalink
Post by kduc
- « Grand fou ! », sussura-t-elle.
« Susurra-t-elle », susurré-je.
«Est-il possible de plaider la crispation convulsive de l'annulaire
gauche ? »

« ! », me glaça-t-il le sang dans les veines.
--
kd
dphn
2005-12-14 19:58:55 UTC
Permalink
Post by kduc
- « Vous m'aimerez ! », réduisis-je à néant ses derniers doutes.
(Le ton est vif, coupant, on sent la femme péremptoire.)
- « ? », interrogeai-je muettement, le sourcil droit levé.
(Hésitant pour le moins.)
- « Non ! », articulai-je soigneusement les syllabes.
(La voix est posée, elle cherche à convaincre.)
- « Otez ça ! », transgressa-t-il les usages.
(Débit haché, il brûle ses vaisseaux.)
- « Père ? », courut-il à son chevet.
(C'est un dernier effort, le [é] sonne comme un [è].)
Etc.
Ou l'art de la provocation, mine de rien...

Où sont les verbes susceptibles d'introduire un mot, un moignon de
parole ? Sans doute vouliez-vous écrire : « *dis-je en réduisant* à
néant ses derniers doutes », ainsi que « *m'exclamai-je en articulant*
soigneusement les syllabes (alors qu'il n'y en a qu'une) », etc. ? Car
ni "réduire", ni "articuler", ni "transgresser", et encore moins
"courir", ne peuvent amha introduire un début de dialogue.

Je remarque en outre que le seul verbe correct que vous nous proposiez
est "s'interroger", que vous utilisez cette fois pour introduire un
non-mot, votre « ? ». On comprend bien que c'est votre sourcil droit
qui parle, mais, muettement ou non, comment prononcez-vous ce « ? »
Imaginez la tête du pauvre enfant devant lire ce passage en classe...

Tsss.
--
dphn
kduc
2005-12-14 20:26:45 UTC
Permalink
Post by dphn
Ou l'art de la provocation, mine de rien...
Où sont les verbes susceptibles d'introduire un mot, un moignon de
parole ? Sans doute vouliez-vous écrire : « *dis-je en réduisant* à
néant ses derniers doutes », ainsi que « *m'exclamai-je en articulant*
soigneusement les syllabes (alors qu'il n'y en a qu'une) », etc. ? Car
ni "réduire", ni "articuler", ni "transgresser", et encore moins
"courir", ne peuvent amha introduire un début de dialogue.
Il ne s'agit pas d'une provocation au sens négatif du terme, mais bien
d'une tentative de mise en situation de la parole où l'imagination du
lecteur doit palier à l'absence d'indication.
Les commentaires entre parenthèse qui suivent chaque exemple illustrent
ma sensation, vous ou tel autre ayant sa propre manière d'envisager la
conviction, le doute, la transgression, l'essoufflement ou toute autre
attitude d'un personnage se fera sa propre religion.
Post by dphn
Je remarque en outre que le seul verbe correct que vous nous proposiez
est "s'interroger", que vous utilisez cette fois pour introduire un
non-mot, votre « ? ». On comprend bien que c'est votre sourcil droit
qui parle, mais, muettement ou non, comment prononcez-vous ce « ? »
Imaginez la tête du pauvre enfant devant lire ce passage en classe...
Sur les indications de son professeur il apprendra à produire une
occlusion glottale de qualité qui le préparera à l'étude de langues
comme l'arabe ou le japonais.
--
kd
dphn
2005-12-14 21:49:21 UTC
Permalink
Post by kduc
Post by dphn
Ou l'art de la provocation, mine de rien...
Où sont les verbes susceptibles d'introduire un mot, un moignon de
parole ? Sans doute vouliez-vous écrire : « *dis-je en réduisant* à
néant ses derniers doutes », ainsi que « *m'exclamai-je en
articulant* soigneusement les syllabes (alors qu'il n'y en a
qu'une) », etc. ? Car ni "réduire", ni "articuler", ni
"transgresser", et encore moins "courir", ne peuvent amha introduire
un début de dialogue.
Il ne s'agit pas d'une provocation au sens négatif du terme,
Je ne faisais que vous taquiner...
Post by kduc
mais bien d'une tentative de mise en situation de la parole où
l'imagination du lecteur doit palier à l'absence d'indication.
Les commentaires entre parenthèse qui suivent chaque exemple
illustrent ma sensation, vous ou tel autre ayant sa propre manière
d'envisager la conviction, le doute, la transgression,
l'essoufflement ou toute autre attitude d'un personnage se fera sa
propre religion.
Je comprends votre démarche, d'autant plus qu'elle fait allusion à un
problème auquel je me suis heurté dans le passé. Il fut une époque où
il n'était pas bon d'écrire (en classe) quelque chose comme :
« Levez-vous, jeta-t-il », parce que jeter n'est pas un verbe de
parole. Il aurait fallu se résoudre à faire comme Duras dans /Le Marin
de Gibraltar/ (si ma mémoire est bonne), où chaque ligne de dialogue
est ponctuée d'un simple "dit-il". Ce qui devient assez vite lassant.

Les verbes qu'on peut substituer à dire sont assez nombreux, mais ils
reviennent de manière systématique et répétitive dans tout dialogue un
peu long, et je comprends qu'on soit tenté de les remplacer par
d'autres formulations, comme celles que vous (et Pierre Hallet) avez
imaginées.

Cependant, mon côté passéiste me fait attendre comme substituts des
verbes qui, s'ils ne sont pas des équivalents de dire, soient au moins
transitifs. "Jeta-t-il", "laissa-t-il tomber du bout des lèvres" (pour
prendre des classiques) ne me gênent pas, car même s'ils ne sont pas
assimilables au fait de dire, ils annoncent une action qui s'accomplit
sur les paroles énoncées, et permettent un enchaînement des propos sans
à-coups. Je ne suis pas sûr qu'on parvienne au même résultat avec des
verbes intransitifs. Mais ce n'est qu'une question de point de vue.
--
dphn
kduc
2005-12-14 22:08:55 UTC
Permalink
Post by dphn
Je ne faisais que vous taquiner...
C'est bien ainsi que je l'entendis.
Post by dphn
Cependant, mon côté passéiste me fait attendre comme substituts des
verbes qui, s'ils ne sont pas des équivalents de dire, soient au moins
transitifs. "Jeta-t-il", "laissa-t-il tomber du bout des lèvres" (pour
prendre des classiques) ne me gênent pas, car même s'ils ne sont pas
assimilables au fait de dire, ils annoncent une action qui s'accomplit
sur les paroles énoncées, et permettent un enchaînement des propos sans
à-coups. Je ne suis pas sûr qu'on parvienne au même résultat avec des
verbes intransitifs.
Je n'en suis pas sûr non plus, mais que survienne un talent...
--
kd
Vs
2005-12-15 00:00:59 UTC
Permalink
Post by dphn
Cependant, mon côté passéiste me fait attendre comme substituts des
verbes qui, s'ils ne sont pas des équivalents de dire, soient au moins
transitifs. "Jeta-t-il", "laissa-t-il tomber du bout des lèvres" (pour
prendre des classiques) ne me gênent pas, car même s'ils ne sont pas
assimilables au fait de dire, ils annoncent une action qui s'accomplit
sur les paroles énoncées, et permettent un enchaînement des propos
sans à-coups. Je ne suis pas sûr qu'on parvienne au même résultat
avec des verbes intransitifs. Mais ce n'est qu'une question de point
de vue.
- « Transitifs, exclusivement. », abcéda-t-il dans le débat.
- « Transitifs, exclusivement. », aberra l'autre avec force grimaces.
- « C'est mon avis ! » , abonda-t-il dans son sens.
- « Bêtise ! », aboya l'autre avec hargne.
- « Apparemment, vous non. », accéda-t-il à cette brusque contestation.
- « Je m'en vais vous expliquer pourquoi. », accourut l'autre dans cette
brèche.
- « Dans quoi me suis-je fourré ? » achoppa-t-il, rompant le cours de sa
pensée.

C'est encore plus drôle dans l'ordre du dictionnaire, mais je crains de
ne pas être capable d'arriver au bout.
Une contrainte oulipienne pour un long roman peut-être ?
À postériori, aboyer est un équivalent de dire, je n'aurais pas dû le
garder.

Vs
a de curieux amusements.
Marion Gevers
2005-12-15 02:15:01 UTC
Permalink
Post by kduc
Il ne s'agit pas d'une provocation au sens négatif du terme, mais bien
d'une tentative de mise en situation de la parole où l'imagination du
lecteur doit palier à l'absence d'indication.
Curieusement, le « palier » avec un seul l est souvent accompagné de
cette formulation « pal(l)ier à » qui, sauf réforme dont je ne serais
pas au courant, est réputée incorrecte, « pallier » étant transitif.

Marion
--
Marion Gevers
Newcastle, NSW, Australia
***@optusnet.com.au
Goret Neuneu
2005-12-15 07:08:18 UTC
Permalink
Post by Marion Gevers
Curieusement, le « palier » avec un seul l est souvent accompagné de
cette formulation « pal(l)ier à » qui, sauf réforme dont je ne serais
pas au courant, est réputée incorrecte, « pallier » étant transitif.
Direct.

Sauf erreur de ma part, "remédier" est aussi transitif (mais indirect,
parce qu'on dit "remédier à"), non ?

Par ailleurs, histoire de chercher la petite bête, votre "sauf réforme
dont je ne serais pas au courant" ne me semble pas bien correct.
N'est-il pas plus approprié d'écrire dans ce cas "sauf réforme dont *à
propos de laquelle* je ne serais pas au courant" ? ;)
--
G2N
Porc celé, verrat cité.
R. et C. BELMAS
2005-12-15 09:23:16 UTC
Permalink
Post by Goret Neuneu
Post by Marion Gevers
Curieusement, le « palier » avec un seul l est souvent accompagné de
cette formulation « pal(l)ier à » qui, sauf réforme dont je ne serais
pas au courant, est réputée incorrecte, « pallier » étant transitif.
Direct.
Sauf erreur de ma part, "remédier" est aussi transitif (mais indirect,
parce qu'on dit "remédier à"), non ?
"Clap clap", applaudis-je de tous mes tentacules :-).
Post by Goret Neuneu
Par ailleurs, histoire de chercher la petite bête, votre "sauf réforme
dont je ne serais pas au courant" ne me semble pas bien correct. N'est-il
pas plus approprié d'écrire dans ce cas "sauf réforme dont *à propos de
laquelle* je ne serais pas au courant" ? ;)
Plutôt "sauf réforme au courant de laquelle je ne serais pas". Mais ça pèse
vingt mégatonnes.

Claire.
DB
2005-12-15 10:03:18 UTC
Permalink
"Goret Neuneu" :
:
: Par ailleurs, histoire de chercher la petite bête, votre "sauf réforme
: dont je ne serais pas au courant" ne me semble pas bien correct.
: N'est-il pas plus approprié d'écrire dans ce cas "sauf réforme dont *à
: propos de laquelle* je ne serais pas au courant" ? ;)
:

La formule consacrée est "dont au sujet de laquelle" !
La version de Marion ne me gêne guère, mais on peut toujours simplifier :
"sauf réforme que j'ignorerais".

Pierre Hallet
2005-12-14 20:35:57 UTC
Permalink
Post by dphn
Post by kduc
« Vous m'aimerez ! », réduisis-je à néant ses
derniers doutes.
« ? », interrogeai-je muettement, le sourcil droit levé.
« Non ! », articulai-je soigneusement les syllabes.
« Otez ça ! », transgressa-t-il les usages.
« Père ? », courut-il à son chevet.
Ou l'art de la provocation, mine de rien...
Où sont les verbes susceptibles d'introduire un mot,
« *dis-je en réduisant* à néant ses derniers doutes »,
ainsi que « *m'exclamai-je en articulant* soigneusement
les syllabes (alors qu'il n'y en a qu'une) », etc. ?
Car ni "réduire", ni "articuler", ni "transgresser",
et encore moins "courir", ne peuvent amha introduire
un début de dialogue.
Toutafé, mais il y a du jouissif dans ces formulations,
et on (enfin, moi) a envie d'en tester les limites,
fût-ce au risque d'exagérere.

« Pfft », flatula-t-il.
« ???? », s'exorbita-t-il.
« Pas vraiment », se dédit-il.
« Eh bien, je... » resta-t-il coi.
« J'ai eu tort », répugna-t-il à dire.
« Je garderai le silence », en dit-il long.
« Chirac est âgé », enfonça-t-il une porte ouverte.
« Je suis con et j'en suis fier », bomba-t-il le torse.
« Da », rassembla-t-il toutes ses connaissances du russe.
--
Pierre Hallet.
Site (dont FAQ) du forum fllf : <http://www.langue-fr.net>.
kduc
2005-12-14 20:43:47 UTC
Permalink
Post by Pierre Hallet
« Je garderai le silence », en dit-il long.
« Je suis con et j'en suis fier », bomba-t-il le torse.
« Da », rassembla-t-il toutes ses connaissances du russe.
Vous m'avez tout à fait compris et nous donnez là quelques exemples de
la plus belle eau. On s'y croirait.
--
kd
Franco Phage
2005-12-14 22:50:48 UTC
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Chapeau bas, Monsieur, mais vous avez oublié:
"...", n'arriva-t-il pas à s'exprimer.
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