Post by VsPost by péhache"L'érotisme n'est jamais loin des véridiques" dit P. Valéry dans
Variétés. Le substantif "véridique" renvoie-t-il à quelque genre (
dont l'existence m'échapperait...) ?
« En littérature, le vrai n'est pas concevable. Tantôt par la
simplicité, tantôt par la bizarrerie, tantôt par la précision trop
poussée, tantôt par la négligence, tantôt par l'aveu de choses plus ou
moins honteuses, mais toujours choisies, - aussi bien choisies que
possible, - toujours, et par tous moyens, qu'il s'agisse de Pascal, de
Diderot, de Rousseau ou de Beyle, et que la nudité qu'on nous exhibe
soit d'un pécheur, d'un cynique, d'un moraliste ou d'un libertin, elle
est inévitablement éclairée, colorée et fardée selon toutes les règles
du théâtre mental. Nous savons bien qu'on ne se dévoile que pour quelque
effet. Un grand saint le savait qui se dévêtit sur la place. Tout ce qui
est contre l'usage est contre nature, implique l'effort, la conscience
de l'effort, l'intention, et donc l'artifice. Une femme qui se met nue,
c'est comme si elle entrait en scène.
Il y a donc deux manières de falsifier: l'une par le travail d'embellir;
l'autre par l'application à faire vrai.
Ce dernier cas est peut-être celui qui révèle la plus pressante
prétention. Il marque aussi un certain désespoir d'exciter l'intérêt
public par les moyens purement littéraires. *L'érotisme n'est jamais*
*loin des véridiques*.
D'ailleurs, les auteurs de confessions ou de souvenirs ou de journaux
intimes sont invariablement les dupes de leur espoir de choquer ; et
nous, dupes de ces dupes. [...] Qui se confesse ment, et fuit le
véritable vrai, lequel est nul, ou informe, et, en général, indistinct."
Sujet de composition française du CAPES interne de Lettres classiques.
1997
Vs
Tout est dit.
Excusez-moi d'insister: pourquoi "des véridiques" plutôt que "du
véridique", par exemple ? ( L'autre élément de la comparaison étant un
substantif singulier. )