Discussion:
véridiques
(trop ancien pour répondre)
péhache
2005-09-25 07:25:17 UTC
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"L'érotisme n'est jamais loin des véridiques" dit P. Valéry dans Variétés.
Le substantif "véridique" renvoie-t-il à quelque genre ( dont l'existence
m'échapperait...) ?
kduc
2005-09-25 07:41:13 UTC
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Post by péhache
"L'érotisme n'est jamais loin des véridiques" dit P. Valéry dans Variétés.
Le substantif "véridique" renvoie-t-il à quelque genre ( dont l'existence
m'échapperait...) ?
« Véridiques », nom que se donnaient les nobles de la Grèce
ancienne. N'ayant pas lu « Variétés », je ne sais si ce sens
convient ici.

--
kd
péhache
2005-09-25 18:45:19 UTC
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Post by péhache
"L'érotisme n'est jamais loin des véridiques" dit P. Valéry dans Variétés.
Le substantif "véridique" renvoie-t-il à quelque genre ( dont l'existence
m'échapperait...) ?
« Véridiques », nom que se donnaient les nobles de la Grèce
ancienne. N'ayant pas lu « Variétés », je ne sais si ce sens
convient ici.

--
kd

Merci, mais non.
Vs
2005-09-26 06:48:09 UTC
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Post by péhache
"L'érotisme n'est jamais loin des véridiques" dit P. Valéry dans
Variétés. Le substantif "véridique" renvoie-t-il à quelque genre (
dont l'existence m'échapperait...) ?
« En littérature, le vrai n'est pas concevable. Tantôt par la
simplicité, tantôt par la bizarrerie, tantôt par la précision trop
poussée, tantôt par la négligence, tantôt par l'aveu de choses plus ou
moins honteuses, mais toujours choisies, - aussi bien choisies que
possible, - toujours, et par tous moyens, qu'il s'agisse de Pascal, de
Diderot, de Rousseau ou de Beyle, et que la nudité qu'on nous exhibe
soit d'un pécheur, d'un cynique, d'un moraliste ou d'un libertin, elle
est inévitablement éclairée, colorée et fardée selon toutes les règles
du théâtre mental. Nous savons bien qu'on ne se dévoile que pour quelque
effet. Un grand saint le savait qui se dévêtit sur la place. Tout ce qui
est contre l'usage est contre nature, implique l'effort, la conscience
de l'effort, l'intention, et donc l'artifice. Une femme qui se met nue,
c'est comme si elle entrait en scène.
Il y a donc deux manières de falsifier: l'une par le travail d'embellir;
l'autre par l'application à faire vrai.
Ce dernier cas est peut-être celui qui révèle la plus pressante
prétention. Il marque aussi un certain désespoir d'exciter l'intérêt
public par les moyens purement littéraires. *L'érotisme n'est jamais*
*loin des véridiques*.
D'ailleurs, les auteurs de confessions ou de souvenirs ou de journaux
intimes sont invariablement les dupes de leur espoir de choquer ; et
nous, dupes de ces dupes. [...] Qui se confesse ment, et fuit le
véritable vrai, lequel est nul, ou informe, et, en général, indistinct."

Sujet de composition française du CAPES interne de Lettres classiques.
1997

Vs
Tout est dit.
péhache
2005-09-26 11:12:23 UTC
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Post by Vs
Post by péhache
"L'érotisme n'est jamais loin des véridiques" dit P. Valéry dans
Variétés. Le substantif "véridique" renvoie-t-il à quelque genre (
dont l'existence m'échapperait...) ?
« En littérature, le vrai n'est pas concevable. Tantôt par la
simplicité, tantôt par la bizarrerie, tantôt par la précision trop
poussée, tantôt par la négligence, tantôt par l'aveu de choses plus ou
moins honteuses, mais toujours choisies, - aussi bien choisies que
possible, - toujours, et par tous moyens, qu'il s'agisse de Pascal, de
Diderot, de Rousseau ou de Beyle, et que la nudité qu'on nous exhibe
soit d'un pécheur, d'un cynique, d'un moraliste ou d'un libertin, elle
est inévitablement éclairée, colorée et fardée selon toutes les règles
du théâtre mental. Nous savons bien qu'on ne se dévoile que pour quelque
effet. Un grand saint le savait qui se dévêtit sur la place. Tout ce qui
est contre l'usage est contre nature, implique l'effort, la conscience
de l'effort, l'intention, et donc l'artifice. Une femme qui se met nue,
c'est comme si elle entrait en scène.
Il y a donc deux manières de falsifier: l'une par le travail d'embellir;
l'autre par l'application à faire vrai.
Ce dernier cas est peut-être celui qui révèle la plus pressante
prétention. Il marque aussi un certain désespoir d'exciter l'intérêt
public par les moyens purement littéraires. *L'érotisme n'est jamais*
*loin des véridiques*.
D'ailleurs, les auteurs de confessions ou de souvenirs ou de journaux
intimes sont invariablement les dupes de leur espoir de choquer ; et
nous, dupes de ces dupes. [...] Qui se confesse ment, et fuit le
véritable vrai, lequel est nul, ou informe, et, en général, indistinct."
Sujet de composition française du CAPES interne de Lettres classiques.
1997
Vs
Tout est dit.
Excusez-moi d'insister: pourquoi "des véridiques" plutôt que "du
véridique", par exemple ? ( L'autre élément de la comparaison étant un
substantif singulier. )
Vs
2005-09-28 19:47:31 UTC
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Post by Vs
Post by péhache
"L'érotisme n'est jamais loin des véridiques" dit P. Valéry dans
Variétés. Le substantif "véridique" renvoie-t-il à quelque genre (
dont l'existence m'échapperait...) ?
« En littérature, le vrai n'est pas concevable.
[...]
Post by Vs
Il y a donc deux manières de falsifier: l'une par
le travail d'embellir; l'autre par l'application à faire vrai.
Ce dernier cas est peut-être celui qui révèle la plus pressante
prétention. Il marque aussi un certain désespoir d'exciter l'intérêt
public par les moyens purement littéraires. *L'érotisme n'est jamais*
*loin des véridiques*.
D'ailleurs, les auteurs de confessions ou de souvenirs ou de journaux
intimes sont invariablement les dupes de leur espoir de choquer ; et
nous, dupes de ces dupes. [...] Qui se confesse ment, et fuit le
véritable vrai, lequel est nul, ou informe, et, en général, indistinct."
Excusez-moi d'insister: pourquoi "des véridiques" plutôt que "du
véridique", par exemple ? ( L'autre élément de la comparaison étant
un substantif singulier. )
Oups, désolé, vous étiez resté coincé dans mes brouillons.

Valéry ne parle pas du véridique, mais du vrai dans la littérature et
plus précisément dans ce passage de l'application de certains auteurs
(les véridiques) à faire vrai en littérature. Il nous dit que leurs
méthodes, leurs attentes ne sont pas éloignées de celles de l'érotisme
par le choix de ce qui est montré.

Vs
la mémoire est un filtre menteur.

kduc
2005-09-26 16:18:32 UTC
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Post by Vs
Tout est dit.
Merci ; me voilà encouragé à lire la série des « Variétés ».

--
kd
Kiriasse
2005-09-26 11:33:41 UTC
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Je dirais que ce mot « véridiques », utilisé comme nom, est une licence que
s'accorde le poète, « véridique » étant normalement un adjectif.
Il faut traduire plus prosaïquement par : « L'érotisme n'est jamais loin de
la véridicité ». Mais c'eût été très laid.
--
Kiriasse
http://www.kiriasse.fr
Répondant à :

===
Post by péhache
"L'érotisme n'est jamais loin des véridiques" dit P. Valéry dans Variétés.
Le substantif "véridique" renvoie-t-il à quelque genre ( dont l'existence
m'échapperait...) ?
kduc
2005-09-26 16:09:51 UTC
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Post by Kiriasse
Je dirais que ce mot « véridiques », utilisé comme nom, est une licence que
s'accorde le poète, « véridique » étant normalement un adjectif.
Il faut traduire plus prosaïquement par : « L'érotisme n'est jamais loin de
la véridicité ». Mais c'eût été très laid.
Bravo pour votre lumineuse intuition.

--
kd
Kiriasse
2005-09-26 16:48:31 UTC
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Par nature, intuitif, je suis comme vous dites,
En un mot, lumineux, je n'ai aucun mérite.
--
Kiriasse
http://www.kiriasse.fr
Répondant à :

===
"kduc"
Bravo pour votre lumineuse intuition.
péhache
2005-09-26 16:36:40 UTC
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Post by Kiriasse
Je dirais que ce mot « véridiques », utilisé comme nom, est une licence
que s'accorde le poète, « véridique » étant normalement un adjectif.
Il faut traduire plus prosaïquement par : « L'érotisme n'est jamais loin
de la véridicité ». Mais c'eût été très laid.
--
Certes, mais c'est le pluriel qui m'étonne- "le" véridique ( dont usent les
philosophes ) ne m'aurait aucunement surpris. Mais la rupture de symétrie
m'a mis ( apparemment vainement ) sur la piste d'un sens réservé à ce
pluriel...
Kiriasse
2005-09-26 17:05:13 UTC
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Choisissant le pluriel, le poète a voulu,
Être mystérieux plus qu'il n'aurait fallu.
--
Kiriasse
http://www.kiriasse.fr
Répondant à :

===
"péhache"
Post by péhache
Certes, mais c'est le pluriel qui m'étonne- "le" véridique ( dont usent
les philosophes ) ne m'aurait aucunement surpris. Mais la rupture de
symétrie m'a mis ( apparemment vainement ) sur la piste d'un sens réservé
à ce pluriel...
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