Discussion:
chuinter
(trop ancien pour répondre)
le-guillou.alban
2003-09-28 06:54:12 UTC
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bonjour,
qui connait la signification argotique de ce verbe?
Dans le sens d'évincer ?
merci de vos réponses
Alban.
Marc Goldstein
2003-09-28 07:16:41 UTC
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Post by le-guillou.alban
qui connait la signification argotique de ce verbe?
Dans le sens d'évincer ?
Shunter, c'est court-circuiter en langage familier.

Chuinter, c'est prononcer les « s » et les « ch » en parlant.

Marc
lamkyre
2003-09-28 07:27:26 UTC
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Post by Marc Goldstein
Chuinter, c'est prononcer les « s » et les « ch » en parlant.
Plutôt prononcer les "s" *comme* les"ch", non ?
--
lamkyre
(sic)
2003-09-28 07:34:21 UTC
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Post by lamkyre
Post by Marc Goldstein
Chuinter, c'est prononcer les « s » et les « ch » en parlant.
Plutôt prononcer les "s" *comme* les"ch", non ?
Ch'est chuchurer les conchonnes comme Gichcard d'Echtaing.
Marc Goldstein
2003-09-28 08:17:31 UTC
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Post by lamkyre
Plutôt prononcer les "s" *comme* les"ch", non ?
Pas pour moi. Une anecdote vécue il y a peu va nous éclairer à ce propos...

Partant au travail, je montais dans le RER, mon bouquin de philo à la main,
et restait debout, comme à mon habitude.

Mon attention fut attirée par ce que j'ai pris tout d'abord pour des
chuchotements. Je relevais la tête et réajustais mes lunettes : deux
adorables créatures conversaient gaiement et l'une d'entre elles chuintait à
ravir. J'essayais d'écouter, mû par cette espèce de curiosité qui n'a rien
de malsain mais qui force à aller vers, à comprendre. Peine perdue, il
m'était impossible de saisir un seul mot de ce qu'elle disait ; seuls me
parvenaient les sifflements de ses « s » et les chuintements de ses « ch ».
C'était exquis. Je me suis immédiatement dit que ce qu'elle devait dire à sa
copine devait être bien plus important que ce que Pierre Hadot pouvait
raconter dans « Qu'est-ce que la philosophie antique ? »

Pourtant, je me suis remis à lire, me disant après tout que je n'aurais que
faire d'une fille qui chuinte...

Marc
--
« Si la raison dominait sur la terre, il ne s'y passerait rien. »
[Bernard Fontenelle]
(sic)
2003-09-28 07:32:11 UTC
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"Marc Goldstein" <***@noos.fr>, « Accroche ta charrue à une
étoile », a eu gravé de son fin stylet sur les tablettes d'argile de
Post by Marc Goldstein
Shunter, c'est court-circuiter en langage familier.
Ouais, mais pas tout à fait. À l'origine c'est une expression venue des
bricoleurs ou des professionnels en électricité. On établit un circuit
de dérivation du courant par un autre point que A-B vers C, donc on a un
pôle de transmission (B) qui ne reçoit plus le courant et par dérivation
sémantique on dit qu'on le « shunte », donc qu'on se passe de lui.
Normalement le point B n'est pas dérivé, c'est le courant qui passe par
B qui est dérivé en passant par D pour aller vers C, mais on en est venu
à dire que ce qui était omis, non pris en compte était « shunté ».
Ensuite, le mot est passé dans le langage de la radio, des musiciens par
le biais des ingénieurs du son : on shunte un disque en ouvrant une
autre piste audio pour reprendre le son du micro en studio, donc on
dérive encore même si le résultat à l'écoute est l'effacement du son du
disque. Et en fin de compte, le mot devient synonyme d'effacement,
d'évitement. Par exemple, shunter un nom dans une liste en ne le
mentionnant pas. Mais là c'est une autre dérivation de sens encore.
Clotilde Chaland
2003-09-28 08:26:22 UTC
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Il est difficile d'être aussi explicite en une phrase qu'en quinze lignes.
Le problème, c'est le passage de « dériver » à « supprimer ». Pour un
technicien, cela aura un sens plus précis que pour quelqu'un qui emploie
le terme dans une conversation de la vie courante. Ce n'est pas le même
argot et le même sens.
Au restau.U quand j'y allais, il était très mal vu de « shunter » la
file d'attente. Sur la route maints automobilistes « shuntent » les
files de circulation en se faufilant en zig-zag. Il me semble que le mot
est passé dans l'usage (argotique il est vrai) en dehors de son sens
premier lié aux circuits électriques.

--
©lõ
lamkyre
2003-09-28 09:46:44 UTC
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Et on le trouve dans le TLFi où il ne se fait pas le moins du monde
traiter d'anglicisme.
1. Dérivation prise sur un circuit électrique de façon à ne laisser
passer dans ce circuit qu'une fraction de courant. 1881. [...]
Je n'imaginais pas que c'était aussi ancien...
Dans cette acception, il a dû apparaître à peu près en même temps en
anglais et en français. Encore un de ces cas où on a avalé l'anglais
tout cru.
--
lamkyre
DB
2003-09-28 14:51:13 UTC
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Post by lamkyre
Et on le trouve dans le TLFi où il ne se fait pas le moins du monde
traiter d'anglicisme.
C'est ce dictionnaire datant de 1982 qui s'intitule ainsi ! Il est dû à
Manfred Höfler de l'université de Düsseldorf... Mais je me demande
vraiment si je l'ai jamais entendu prononcer à l'anglaise... L'erreur de
la personne qui a lancé le fil est assez éloquente sur la prononciation
de la nasale française.
Que le TLFi n'étiquète (ette ?) pas le mot comme anglicisme ne change rien à
l'affaire : le mot a gardé son petit costume britannique carcatérisé
notamment par le "sh". Du reste, l'article du TLFi cite Höfler, aussi bien à
"shunt" qu'à "shunter".
Pour la prononciation usuelle de "shunter", elle est la même que la
prononciation usuelle de "jungle" en français.
Post by lamkyre
Dans cette acception, il a dû apparaître à peu près en même temps en
anglais et en français. Encore un de ces cas où on a avalé l'anglais
tout cru.
Mouais... Ce n'est possible qu'après l'invention de la dynamo, donc
1870. Néanmoins, c'est un peu étrange que le mot se soit imposé dans ce
sens en anglais, puis en français alors que la technique existait en
France. Cela doit être dû à une avance industrielle en Grande-Bretagne
plutôt, par opposition à une avance scientifique.
Le sens électrique anglais de "shunt" date de 1863.
(sic)
2003-09-28 14:44:56 UTC
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Post by DB
Pour la prononciation usuelle de "shunter", elle est la même que la
prononciation usuelle de "jungle" en français.
Je n'aurais pas pris cet exemple. « Jungle » est prononcé « jongle » par
les puristes, on en trouve la forme dans une chanson de Gainsbourg.
Disons comme « junte ».
Post by DB
Le sens électrique anglais de "shunt" date de 1863.
Diantre ! Les Anglais nous avaient bien devancés...
DB
2003-09-28 16:11:52 UTC
Permalink
Post by DB
Pour la prononciation usuelle de "shunter", elle est la même que la
prononciation usuelle de "jungle" en français.
Je n'aurais pas pris cet exemple. « Jungle » est prononcé « jongle » par
les puristes, on en trouve la forme dans une chanson de Gainsbourg.
Les puristes, non. L'étrange prononciation "jongle" n'a rien qui justifie
qu'on la considère comme "pure" : elle n'est conforme ni à la tradition
française, ni à la tradition anglaise.
Disons comme « junte ».
Post by DB
Le sens électrique anglais de "shunt" date de 1863.
Diantre ! Les Anglais nous avaient bien devancés...
DB
2003-09-28 16:32:09 UTC
Permalink
Post by DB
Les puristes, non. L'étrange prononciation "jongle" n'a rien qui justifie
qu'on la considère comme "pure" : elle n'est conforme ni à la tradition
française, ni à la tradition anglaise.
Allez le dire en face à Capello et collez-lui une ou deux mandales !
Il est intéressant de connâitre ses raisons. Il affirme qu'en français, le
groupe "ung" se prononce comme s'il s'écrivait "ong", et donne comme
illustration : ungéal, unguis, unguifère. J'avoue que je ne prononce pas ces
mots correctement, pour la bonne raison d'ailleurs que je ne les prononce
jamais. Eussé-je à le faire que je me serais probablement trompé. Tant pis, je
ne vois évidemment pas de raison logique pour aligner le mot "jungle" sur une
prononciation antiquisante d'une racine latine rare.
Capello vous a-t-il dit comment il prononçait "bungalow" ?
Je crains que ses bonnes raisons ne craquent sur ce mot.
Didier Leroi
2003-09-30 10:03:56 UTC
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Post by DB
Pour la prononciation usuelle de "shunter", elle est la même que la
prononciation usuelle de "jungle" en français.
Ah, ben oui, justement, parlons de la prononciation de "jungle":
jongle ou jungle avec le un de lundi?

Et comme "un" a tendance à se dire "in", où allons-nous?

Alors? "chont' " ou "chunt' ", ou encore, à l'anglaise :
"ch eu n t' "?

Amicalement,
Didier

oncle
2003-09-28 12:44:25 UTC
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On Sun, 28 Sep 2003 10:26:22 +0200, ***@imag.fr (Clotilde
Chaland) wrote:

[...]
Post by Clotilde Chaland
Au restau.U quand j'y allais, il était très mal vu de « shunter » la
file d'attente. Sur la route maints automobilistes « shuntent » les
files de circulation en se faufilant en zig-zag. Il me semble que le mot
est passé dans l'usage (argotique il est vrai) en dehors de son sens
premier lié aux circuits électriques.
C'est l'idée de "sens premier" qui me heurte ici. En anglais "to
shunt" évoque d'abord pour moi le chemin de fer -- lorsqu'on met une
locomotive / un train sur une voie d'évitement ou de garage.
Le NODE fait remonter le verbe au "Middle English", peut-être venant
du verbe "to shun" - "écarter, repousser, mettre de côté".
DA
Marc Goldstein
2003-09-29 06:14:21 UTC
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shunter = ponter = brancher en parallele (en electro.)
Ah ? Merci, je ne savais pas.

Marc
Didier Leroi
2003-09-29 09:24:01 UTC
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Post by (sic)
étoile », a eu gravé de son fin stylet sur les tablettes d'argile de
Il est difficile d'être aussi explicite en une phrase qu'en quinze lignes.
Le problème, c'est le passage de « dériver » à « supprimer ». Pour un
technicien, cela aura un sens plus précis que pour quelqu'un qui emploie
le terme dans une conversation de la vie courante. Ce n'est pas le même
argot et le même sens.
Au sens technique, un shunt est une résistance que l'on branche en
parallèle sur un milliampère-mètre voire un microampère-mètre pour en
réduire la sensibilité et en faire un ampèremètre, par exemple.
Il arrive que l'on shunte un compteur mais cela n'est pas recommandé!

Dans les deux cas il s'agit d'une dérivation.

Amicalement,
Didier
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